Lorsque les «Schöne Wiiber» (beaux représentant des femmes) et les «Wüeschte Mannevölcher» (vilains représentant des hommes) vont en «Schuppel» (groupe) de maison en maison en entonnant un «Zäuerli» (yodel naturel sans paroles), le pays d’Appenzell fête le Nouvel An. Et ce, à deux reprises normalement. Cette année, point de traditionnel «Chlausen» (chants et danses) – du moins au sens classique du terme.
Dans toute l’Europe, le 13 janvier est un jour ordinaire. Dans toute l’Europe? Non, dans le pays d’Appenzell, ce jour-là correspond à l’ancienne Saint-Sylvestre. En effet, dans le pays d’Appenzell, on célèbre plusieurs fois le Nouvel An: selon le calendrier grégorien le 31 décembre, et selon le calendrier julien le 13 janvier.
À ces dates, les «Silvesterchläuse» (personnages déguisés) défilent généralement en groupes dans les ruelles, les rues et à travers champs en yodlant et en faisant tinter cloches et grelots pour chasser les mauvais esprits. Les «Silvesterchläuse» sont vêtus de costumes richement ornés. On distingue les «beaux Chläuse», les «vilains Chläuse» et les «Chläuse de la nature».
Les beaux portent des couvre-chefs décorés avec art représentant des scènes de la vie paysanne, qui sont réalisés à la main avec amour.
Les vilains et les «Chläuse de la nature» séduisent avec des chapeaux, coiffes, masques et capes parés avec art d’ornements rustiques faits de branches fraîches naturelles, de feuilles, de pommes de pin, etc.
La coutume date du Moyen Âge, peut-être même d’avant. Au XVIIIe siècle, les autorités ecclésiastiques ont interdit la pratique païenne, de sorte que cette coutume n’existe plus dans le canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures. Cette année, ce n’est pas l’Église qui met fin à cette pratique, mais un virus. Ainsi, il n’y aura pas de «Silvesterchlausen» en 2020/2021. Ni à la nouvelle Saint-Sylvestre à Herisau, ni à l’ancienne Saint-Sylvestre à Urnäsch, Gonten, Hundwil, Stein, Teufen et Bühler.
Normalement, ces jours-là, les «Schuppel» (groupes de Chläuse) vont de maison en maison et souhaitent «es guets Neus» (une bonne année) en entonnant des chants dévots et des «Zäuerli» entraînants.
Mais ce ne sera pas le cas cette année, du moins physiquement. Pour autant, il n’est pas question de renoncer totalement à la traditionnelle cérémonie du «Chlausen». Cette année, les «Silvesterchläuse» souhaiteront la bonne année sous forme numérique.
Bande-annonce du film «Silvesterchlausen im Appenzell» de Thomas Rickenmann
Photos: mises à disposition, © Thomas Rickenmann